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KÉRABAN-LE-TÊTU.

conclure que le péril était imminent, qu’une agression se préparait dans l’ombre, et que, cette nuit même la petite caravane, après avoir été attirée dans une embuscade, courait à une destruction totale.

Dans un premier mouvement irréfléchi, Kéraban, son fusil rapidement épaulé, venait de coucher en joue cet espion qui se hasardait à venir jusqu’à la limite du campement. Une seconde plus tard, le coup partait, et l’homme fût tombé, mortellement frappé, sans doute ! Mais n’eût-ce pas été donner l’éveil et compromettre une situation déjà grave.

« Arrêtez, mon oncle ! dit Ahmet à voix basse, en relevant l’arme braquée vers le sommet de la roche.

— Mais, Ahmet…

— Non… pas de détonation qui puisse devenir un signal d’attaque ! Et, quant à cet homme, mieux vaut le prendre vivant ! Il faut savoir pour le compte de qui ces misérables agissent !

— Mais comment s’en emparer ?

— Laissez-moi faire, » répondit Ahmet.

Et il disparut vers la gauche, de manière à contourner la roche, afin de la gravir à revers.