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KÉRABAN-LE-TÊTU.

abandonné pendant une heure le campement !… Je l’ai suivi, en me cachant, et j’affirmerais… j’affirme même qu’un signal de feu lui a été envoyé d’un point de l’horizon… un signal qu’il attendait !

— En effet, cela est grave, Ahmet ! répondit Kéraban. Mais pourquoi rattaches-tu les machinations de cet homme aux circonstances qui ont amené l’enlèvement d’Amasia sur la Guïdare ?

— Eh ! mon oncle, cette tartane, où allait-elle ? Était-ce à ce petit port d’Atina, où elle s’est perdue. Non évidemment !… Ne savons-nous pas qu’elle a été rejetée par la tempête hors de sa route ?… Eh bien, à mon avis, sa destination était Trébizonde, où s’approvisionnent trop souvent les harems de ces nababs de l’Anatolie !… Là, on a pu facilement apprendre que la jeune fille enlevée avait été sauvée du naufrage, se mettre sur ses traces, et nous dépêcher ce guide pour conduire notre petite caravane à quelque guet-apens !

— Oui !… Ahmet !… répondit Kéraban, en effet !… Tu pourrais avoir raison !… Il est possible qu’un danger nous menace !… Tu as veillé… tu as bien fait, et, cette nuit, je veillerai avec toi !

— Non, mon oncle, non reprit Ahmet, reposez-