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KÉRABAN-LE-TÊTU.

sommeil les livrerait sans défense, à quelque agression convenue ! Peut-être même le guide aurait-il voulu s’éloigner pour quelque secrète machination ; mais il n’osait, en présence d’Ahmet, dont il connaissait les défiances.

« Allons, mes amis, s’écria Kéraban, voilà un bon repas pour un repas en plein air ! Nous aurons bien réparé nos forces avant notre dernière étape ! N’est-il pas vrai, ma petite Amasia ?

— Oui, seigneur Kéraban, répondit la jeune fille ! D’ailleurs, je suis forte, et s’il fallait recommencer ce voyage ?…

— Tu le recommencerais ?…

— Pour vous suivre.

— Surtout après avoir fait une certaine halte à Scutari ! s’écria Kéraban avec un bon gros rire, une halte comme notre ami Van Mitten en a fait une à Trébizonde !

— Et, par-dessus le marché, il me plaisante ! » murmurait Van Mitten.

Il enrageait, au fond, mais n’osait répondre en présence de la trop nerveuse Saraboul.

« Ah ! reprit Kéraban, le mariage d’Ahmet et d’Amasia, ce ne sera peut-être pas si beau que les fiançailles de notre ami Van Mitten et de la noble