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KÉRABAN-LE-TÊTU.

assurait une suffisante part du festin, et il en brayait de satisfaction.

« Soupons, s’écria Kéraban d’un ton joyeux, soupons, mes amis ! Mangeons et buvons à notre aise ! Ce sera autant de moins que ce brave âne aura à traîner jusqu’à Scutari ! »

Il va sans dire que, pour ce repas en plein air, au milieu de ce campement éclairé de quelques torches résineuses, chacun s’était placé à sa guise. Au fond, le seigneur Kéraban trônait sur une roche, véritable fauteuil d’honneur de cette réunion épulatoire. Amasia et Nedjeb, l’une près de l’autre, comme deux amies, — il n’y avait plus ni maîtresse ni servante, — assises sur de plus modestes pierres, avaient réservé une place à Ahmet, qui ne tarda pas à les rejoindre.

Quant au seigneur Van Mitten, il va de soi qu’il était flanqué, à droite de l’inévitable Yanar, à gauche de l’inséparable Saraboul, et, tous les trois, ils s’étaient attablés devant un gros fragment de roc, que les soupirs du nouveau fiancé auraient dû attendrir.

Bruno, plus maigre que jamais, grignotant et geignant, allait et venait pour les besoins du service.

Non seulement le seigneur Kéraban était de belle