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KÉRABAN-LE-TÊTU.

lait-il pas tout craindre en approchant du but ?

Ahmet passa le reste de la nuit dans une extrême inquiétude. Quel parti prendre, il ne le savait. Devait-il, sans plus tarder, démasquer la trahison de ce guide, — trahison qui, dans sa pensée, ne faisait plus aucun doute, — ou attendre, pour le confondre et le punir, qu’il y eût eu quelque commencement d’exécution ?

Le jour en reparaissant lui apporta un peu de calme. Il se décida alors à patienter pendant cette journée encore, afin de mieux pénétrer les intentions du guide. Bien résolu à ne plus le perdre de vue un instant, il ne le laisserait pas s’éloigner pendant les marches ni à l’heure des haltes. D’ailleurs, ses compagnons et lui étaient bien armés, et, si le salut d’Amasia n’eût été en jeu, il n’aurait pas craint de résister à n’importe quelle agression.

Ahmet était redevenu maître de lui-même. Son visage ne fit rien paraître de ce qu’il éprouvait, ni au yeux de ses compagnons, ni même à ceux d’Amasia, dont la tendresse pouvait lire plus avant dans son âme, — pas même à ceux du guide, qui, de son côté, ne cessait de l’observer avec une certaine obstination.

La seule résolution que prit Ahmet fut de faire