Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

213
KÉRABAN-LE-TÊTU.

« On voit bien, répétait-il, que nous nous rapprochons de leur moderne Constantinople !

— Les routes du Kurdistan valent infiniment mieux ! fit observer le seigneur Yanar.

— Je le crois volontiers, répondit Kéraban, et mon ami Van Mitten n’aura pas même à regretter la Hollande sous ce rapport !

— Sous aucun rapport » répliqua vertement la noble Kurde, dont, à chaque occasion, le caractère impérieux se montrait dans toute sa splendeur.

Van Mitten eût volontiers donné au diable son ami Kéraban, qui semblait vraiment prendre quelque plaisir à le taquiner ! Mais, en somme, avant quarante-huit heures, il aurait recouvré sa liberté pleine et entière, et il lui passa ses plaisanteries.

Le soir, la caravane s’arrêta auprès d’un village délabré, un amas de huttes, à peine faites pour abriter des bêtes de somme. Là, végétaient quelques centaines de pauvres gens, vivant d’un peu de laitage, de viandes de mauvaise qualité, d’un pain où il entrait plus de son que de farine. Une odeur nauséabonde emplissait l’atmosphère : c’était celle que dégage en brûlant le « tezek, » sorte de tourbe artificielle, composée de fiente et de boue,