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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Nous pouvons, mon oncle, en surmenant quelque peu nos attelages, regagner aisément…

— Bon, Admet, tu parles ainsi parce que Amasia nous accompagne ! s’écria Kéraban. Mais si, maintenant, elle était à nous attendre à Scutari, tu serais le premier à presser notre marche !

— C’est possible, mon oncle !

— Eh bien, moi, qui prends en mains tes intérêts, Ahmet, je pense que plus tôt nous arriverons, mieux cela vaudra ! Nous sommes toujours à la merci d’un retard, et, puisque nous pouvons gagner douze lieues en changeant notre itinéraire, il n’y a pas à hésiter !

— Soit, mon oncle, répondit Ahmet. Puisque vous le voulez, je ne discuterai pas à ce sujet…

— Ce n’est pas parce que je le veux, mais parce que les arguments te manquent, mon neveu, et que j’aurais trop beau jeu à te battre. »

Ahmet ne répondit pas. En tout cas, le guide put être convaincu que le jeune homme ne voyait pas, sans quelque arrière-pensée, cette modification proposée par lui. Leurs regards se croisèrent un instant à peine ; mais cela leur suffit « à se tâter », comme on dit en langage d’escrime. Aussi,