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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Voici donc, seigneur Kéraban, le projet que je vous propose, dit le guide de ce ton froid qui le caractérisait, et j’ajouterai que je vous engage vivement à l’accepter.

— Mais les routes du littoral ne sont-elles pas plus sûres que celles de l’intérieur ? demanda Kéraban.

— Il n’y a pas plus de dangers à redouter à l’intérieur que sur les côtes, répondit le guide.

— Et vous connaissez bien ces chemins que vous nous offrez de prendre ? reprit Kéraban.

— Je les ai parcourus vingt fois, répliqua le guide, lorsque j’exploitais ces forêts de l’Anatolie.

— Il me semble qu’il n’y a pas à hésiter, dit Kéraban, et qu’une douzaine de lieues à économiser sur ce qui nous reste à faire, cela vaut la peine qu’on modifie sa route. »

Ahmet écoutait sans rien dire.

« Qu’en penses-tu, Ahmet ? » demanda le seigneur Kéraban en interpellant son neveu.

Ahmet ne répondit pas. Il avait certainement des préventions contre ce guide, — préventions qui, il faut bien l’avouer, s’étaient accrues, non sans raison, à mesure qu’on se rapprochait du but.

En effet, les allures cauteleuses de cet homme,