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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Ils ne virent donc rien du cap Kerembé, entourbillonné d’oiseaux de mer, dont les cris assourdissants remplissaient l’espace. Le matin, ils dépassaient Timlé, sans qu’aucun incident eût troublé leur voyage ; puis, ils atteignaient Kidros, et, le soir, venaient faire halte pour toute la nuit à Amastra. Ils avaient bien droit à quelques heures de repos, après une traite de plus de soixante lieues, enlevées en trente-six heures.

Peut-être Van Mitten, — car il faut toujours en revenir à cet excellent homme, préalablement nourri des lectures de son guide, — peut-être Van Mitten, s’il eût été libre de ses actes, si le temps et l’argent ne lui eussent pas manqué, peut-être eût-il fait fouiller le port d’Amastra pour y rechercher un objet dont aucun antiquaire n’oserait contester la valeur archéologique.

Personne n’ignore, en effet, que, deux cent quatre-vingt-dix ans avant Jésus-Christ, la reine Amastris, la femme de Lysimachus, un des capitaines d’Alexandre, la célèbre fondatrice de cette ville, fut enfermée dans un sac de cuir, puis jetée par ses frères dans les eaux mêmes du port qu’elle avait créé. Or, quelle gloire pour Van Mitten, si, sur la foi de son guide, il eût réussi à repêcher le