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KÉRABAN-LE-TÊTU.

heures de repos et de voyager le reste de la nuit. Douze heures gagnées valaient bien quelque surcroît de fatigue. Le seigneur Kéraban accepta donc la proposition de son neveu. Personne ne réclama, — pas même Bruno. D’ailleurs, Yanar et Saraboul, eux aussi, avaient quelque hâte d’être arrivés sur les rives du Bosphore pour reprendre le chemin du Kurdistan, et Van Mitten une hâte non moins grande mais pour s’enfuir aussi loin que possible de ce Kurdistan, dont le nom seul lui faisait horreur !

Le guide ne fit aucune opposition à ce projet et se déclara prêt à partir dès qu’on le voudrait. De nuit comme de jour, la route n’était pas pour l’embarrasser, et ce loupeur, habitué à marcher par instinct au milieu de forêts épaisses, ne pouvait être gêné de se reconnaître sur des chemins qui suivaient la côte.

On partit donc, à huit heures du soir, par une belle lune, pleine et brillante, qui s’éleva dans l’est sur un horizon de mer, peu après le coucher du soleil. Amasia, Nedjeb et le seigneur Kéraban, la noble Saraboul, Yanar et Van Mitten, étendus dans leurs calèches, se laissèrent endormir au trot des chevaux qui se maintinrent à une bonne allure.