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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« tays » ou paquets, ficelés entre de longues lattes, avaient si souvent rempli ses magasins de Constantinople ; mais il eût fallu faire un détour d’une dizaine de lieues, et il lui parut sage de ne point allonger une route longue encore.

Le 23, au soir, la petite caravane arrivait sans encombre à Sinope, sur la frontière de l’Anatolie proprement dite.

Encore une échelle importante du Pont-Euxin, cette Sinope, assise sur son isthme, l’antique Sinope de Strabon et de Polybe. Sa rade est toujours excellente, et elle construit des navires avec les excellents bois des montagnes d’Aio-Antonio, qui s’élèvent aux environs. Elle possède un château enfermé dans une double enceinte, mais ne compte que cinq cents maisons au plus et à peine cinq à six mille âmes.

Ah ! pourquoi Van Mitten n’était-il pas né deux à trois mille ans plus tôt ! Combien il eût admiré cette ville célèbre, dont on attribue la fondation aux Argonautes, qui devint si importante sous une colonie milésienne, qui mérita d’être appelée la Carthage du Pont-Euxin, dont les vaisseaux couvrirent la mer Noire au temps des Romains, et qui finit par être cédée à Mahomet II « parce