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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Bruno pourra faire un trafic avantageux de sa personne !

— Et de quelle façon ?… demandait Bruno.

— En se vendant comme momie ! »

Si ces propos déplaisaient à l’infortuné serviteur, s’il souhaitait au seigneur Kéraban quelque aventure plus déplorable encore que le second mariage de son maître, cela va de soi.

« Mais vous verrez qu’il ne lui arrivera rien, à ce Turc, murmurait-il, et que toute la malechance sera pour des chrétiens comme nous ! »

Et, en vérité, le seigneur Kéraban se portait à merveille, sans compter que sa belle humeur ne tarissait plus, depuis qu’il voyait ses projets s’accomplir dans les meilleures conditions de temps et de sécurité.

Ni le village de Militsh, ni le Kysil, qui fut passé sur un pont de bateaux pendant la journée du 22 septembre, ni Gerse où on arriva le lendemain, vers midi, ni Tschobanlar, n’arrêtèrent les attelages, si ce n’est le temps nécessaire à leur donner quelque repos. Cependant, le seigneur Kéraban eût aimé à visiter, ne fût-ce que pendant quelques heures, Bafira ou Bafra, située un peu en arrière, où se fait un grand commerce de ces tabacs, dont les