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KÉRABAN-LE-TÊTU.

partis, tu aurais maigri à ce point, mon pauvre Bruno ?

— Vous allez en juger, mon maître. »

En effet, on venait de placer, dans le plateau de la balance, un troisième poids très inférieur aux deux autres.

Cette fois, Bruno le souleva peu à peu, — ce qui mit les deux plateaux en équilibre sur une même ligne horizontale.

« Enfin ! dit Bruno, mais quel est ce poids ?

— Oui ! quel est ce poids ? » répondit Van Mitten. Cela faisait tout juste, en mesures russes, quatre pounds, pas un de plus, pas un de moins.

Aussitôt Van Mitten de prendre le guide que lui tendait Bruno et de se reporter à la table de comparaison entre les diverses mesures des deux pays.

« Eh bien, mon maître ? demanda Bruno, en proie à une curiosité mêlée d’une certaine angoisse, que vaut le pound russe ?

— Environ seize ponds et demi de Hollande, répondit Van Mitten, après un petit calcul mental.

— Ce qui fait ?…

— Ce qui fait exactement soixante-quinze ponds et demi, ou cent cinquante et une livres. »

Bruno poussa un cri de désespoir, et, s’élançant