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KÉRABAN-LE-TÊTU.

à cet heureux moment, Van Mitten verrait à ne rien faire qui pût blesser les usages du pays. Mais heureusement, il en était encore loin.

Ici, les fêtes des fiançailles furent tout naturellement complétées par celles qui se donnaient, fort à propos, pour célébrer la nuit de l’ascension du Prophète, cet eilet-ul-my’râdy, qui a lieu ordinairement le 29 du mois de Redjeb. Cette fois, par suite de circonstances particulières, dues à une concurrence politico-religieuse, une ordonnance du chef des imans du pachalik l’avait fixée à cette date.

Le soir même, dans le plus vaste palais de la ville, magnifiquement disposé à cet effet, des milliers et des milliers de fidèles s’empressaient à une cérémonie qui les avait attirés à Trébizonde de tous les points de l’Asie musulmane.

La noble Saraboul ne pouvait manquer cette occasion de produire son fiancé en public. Quant au seigneur Kéraban, à son neveu, aux deux jeunes filles, à leurs serviteurs, que pouvaient-ils faire de mieux, pour passer les quelques heures de la soirée, que d’assister en grand apparat à ce merveilleux spectacle ?

Merveilleux, en effet, et comment ne l’eût-il pas