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KÉRABAN-LE-TÊTU.

tains chants kurdes, qui sont plus expressifs, plus mélodieux, plus artistiques enfin, par leur couleur et leur rythme, que les chants turcs ou arméniens. Quelques instruments, dont la sonorité se rapproche d’un simple cliquetis métallique et que dominait la note aiguë de deux ou trois petites flûtes, joignirent leurs accords bizarres au concert des voix suffisamment rafraîchies pour cette circonstance. Puis, l’iman dit une simple prière, et Van Mitten fut enfin fiancé, bien fiancé, ainsi que le répéta le seigneur Kéraban à la noble Saraboul, — non sans une certaine arrière-pensée, — lorsqu’il lui adressa ses meilleurs compliments.

Plus tard, le mariage devait s’achever au Kurdistan, où de nouvelles fêtes dureraient pendant plusieurs semaines. Là, Van Mitten aurait à se conformer aux coutumes kurdes, — ou, du moins, il devrait essayer de s’y conformer. En effet, lorsque l’épouse arrive devant la maison conjugale, son époux se présente inopinément devant elle, il l’entoure de ses bras, il la prend sur ses épaules, et il la porte ainsi jusqu’à la chambre qu’elle doit occuper. On veut, par là, épargner sa pudeur, car il ne faut point qu’elle semble entrer de son plein gré dans une demeure étrangère. Lorsqu’il en serait