Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

177
KÉRABAN-LE-TÊTU.

l’Europe à une femme du nord de l’Asie ! Quelle gloire, en effet, d’avoir allié la Hollande au Kurdistan.

La fiancée était superbe dans son costume de mariage, — un costume qu’évidemment elle emportait en voyage, à tout hasard, — bonne précaution cette fois, on en conviendra. Rien de splendide comme sont « mitan » de drap d’or, dont les manches et le corsage disparaissaient sous des broderies et des passementeries de filigrane ! Rien de plus riche que ce châle qui lui serrait à la taille, cet « entari » à raies alternées de lignes de fleurettes et recouverte des mille plis de ces mousselines de Brousse désignées sous le nom de « tchembers ! » Rien de plus majestueux que ce « chalwar » en gaze de Salonique, dont les jambes se rattachaient sous le cuir de fines bottes de maroquin brodées de perles ! Et ce fez évasé, entouré de « yéminis » aux fleurs voyantes, d’où se développait jusqu’à mi-corps un long « puskul » orné de dentelles d’oya ! Et les bijoux, les pendeloques de pièces d’or, tombant sur le front jusqu’aux sourcils, et ces pendants d’oreilles formés de ces petites rosaces, desquels rayonnent des chaînettes supportant un petit croissant d’or, et les