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KÉRABAN-LE-TÊTU.

fidèles, tandis que les navires de commerce, par manque de profondeur, se tenaient plus au large.

Un hammal venait d’indiquer à Ahmet le bureau du télégraphe, et Scarpante put s’assurer que le fiancé d’Amasia expédiait un assez long télégramme à l’adresse du banquier Sélim, à Odessa.

« Bah ! se dit-il, voilà une dépêche qui n’arrivera jamais à son destinataire ! Sélim a été mortellement frappé d’une balle que lui a envoyée Yarhud, et cela n’est pas pour nous inquiéter ! »

Et, de fait, Scarpante ne s’en inquiéta pas autrement.

Puis, Ahmet revint à l’hôtel du Giaour-Meïdan. Il retrouva Amasia en compagnie de Nedjeb, qui l’attendait, non sans quelque impatience, et la jeune fille put être certaine qu’avant quelques heures, on serait rassuré sur son sort à la villa Sélim.

« Une lettre aurait mis trop de temps à arriver à Odessa, ajouta Ahmet, et, d’ailleurs, je crains toujours… »

Ahmet s’était interrompu sur ce mot.

« Vous craignez, mon cher Ahmet ?… Que voulez-vous dire ? demanda Amasia, un peu surprise.

— Rien, chère Amasia, répondit Ahmet, rien !…