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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Trébizonde. Ce qu’était ce projet, l’avenir le fera connaître, mais on peut dire qu’il eut, ce jour même, un commencement d’exécution : en effet, le seigneur Saffar et Yarhud, sans s’inquiéter des fêtes qui allaient être célébrées, quittaient Trébizonde et prenaient dans l’ouest la route de l’Anatolie qui mène à l’embouchure du Bosphore.

Scarpante, lui, restait à la ville. N’étant connu ni du seigneur Kéraban, ni d’Ahmet, ni des deux jeunes filles, il pourrait agir en toute liberté. À lui de jouer dans ce drame l’important rôle qui devait désormais substituer la force à la ruse.

Aussi, Scarpante put-il se mêler à la foule et flâner sur la place du Giaour-Meïdan. Ce n’était pas, pour avoir, un instant et dans l’ombre, au caravansérail de Rissar, adressé la parole au seigneur Kéraban et à son neveu, qu’il pouvait craindre d’être reconnu. Aussi lui fut-il facile d’épier leurs pas et démarches en toute sécurité.

C’est dans ces conditions qu’il vit Ahmet, peu de temps après son arrivée à Trébizonde, se diriger vers le port, à travers les rues assez misérablement entretenues qui y aboutissent. Là, sandals, caboteurs, mahones, barques de toutes sortes, étaient au sec, après avoir débarqué leurs cargaisons de