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KÉRABAN-LE-TÊTU.

peut-être une balance. Or, pour ce Hollandais amaigri, c’était là ou jamais l’occasion de se peser, de constater le chiffre de son poids actuel comparé au chiffre de son poids primitif.

Bruno avait donc quitté l’hôtel, ayant eu soin d’emporter, sans en rien dire, le guide de son maître, qui devait lui donner en livres bataves l’évaluation des mesures russes dont il ne connaissait pas la valeur.

Sur les quais d’un port où la douane exerce son office, il y a toujours quelques-unes de ces larges balances, sur les plateaux desquelles un homme peut se peser à l’aise.

Bruno ne fut donc point embarrassé à ce sujet. Moyennant quelques kopeks, les préposés se prêtèrent à sa fantaisie. On mit un poids respectable sur un des plateaux d’une balance, et Bruno, non sans quelque secrète inquiétude, monta sur l’autre.

À son grand déplaisir, le plateau qui supportait le poids, resta adhérent au sol. Bruno, quelque effort qu’il fit pour s’alourdir, — peut-être croyait-il qu’il y réussirait en se gonflant, — ne parvint même pas à l’enlever.

« Diable ! dit-il, voilà ce que je craignais ! »