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KÉRABAN-LE-TÊTU.

che, se balançant d’une jambe sur l’autre, très embarrassé de sa personne, osant à peine lever les yeux sur Bruno, qui semblait lui répéter ces paroles de mauvais augure :

« Ne vous avais-je pas prévenu, monsieur, que tôt ou tard il vous arriverait malheur ! »

Et, adressant à son ami Kéraban ce simple reproche, en somme bien mérité :

« Aussi, dit-il, pourquoi nous avoir empêchés de passer la main sur le dos de cet inoffensif animal ! »

Pour la première fois de sa vie, le seigneur Kéraban resta sans pouvoir répondre.

Cependant, les cris : en prison ! retentissaient avec plus d’énergie, et Scarpante, — cela va de soi — ne se gênait guère pour crier plus haut que les autres.

« Oui, en prison, ces malfaiteurs ! répéta le vindicatif Yanar, tout disposé à prêter main-forte à l’autorité, s’il le fallait. Qu’on les mène en prison !… En prison, tous les trois !…

— Oui !… tous les trois… à moins que l’un d’eux ne s’accuse ! répondit la noble Saraboul, qui n’aurait pas voulu que deux innocents payassent pour un coupable.