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KÉRABAN-LE-TÊTU.

front, au menton et sur la ligne médiane du dos. Elle s’était gracieusement couchée sur le sable, et, d’un air malin, en remuant ses petites cornes, elle regardait « la société ».

« Quelle jolie bête ! s’écria Nedjeb.

— Mais que veut donc faire ce juge ? demanda Amasia.

— Quelque sorcellerie, sans doute, répondit Ahmet, et à laquelle ces ignorants vont se laisser prendre ! »

C’était bien aussi l’opinion du seigneur Kéraban, qui ne se gênait point de hausser les épaules, tandis que Van Mitten regardait ces préparatifs d’un air quelque peu inquiet.

« Comment, juge, dit alors la noble Saraboul, c’est à cette chèvre que vous allez demander de reconnaître les coupables ?

— À elle-même, répondit le juge.

— Et elle répondra ?…

— Elle répondra !

— De quelle façon ? demanda le seigneur Yanar, parfaitement disposé à admettre, en sa qualité de Kurde, tout ce qui présentait quelque apparence de superstition.

— Rien n’est plus simple, répondit le juge.