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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Il n’y a rien à craindre ! Personne ne nous a vus !

— Heureusement, répondit le Hollandais, incomplètement rassuré sur les suites de cette aventure, car, avec ces diables de Kurdes, l’affaire serait mauvaise pour nous ! »

Cependant, le juge allait et venait. Il ne semblait pas savoir quel parti prendre, au grand déplaisir des plaignants.

« Juge, reprit la noble Saraboul, en croisant ses bras sur sa poitrine, la justice restera-t-elle désarmée entre vos mains ?… Ne sommes-nous pas des sujets du Sultan, qui ont droit à sa protection ?… Une femme de ma sorte aurait été victime d’un pareil attentat, et les coupables, qui n’ont pu s’enfuir, échapperaient au châtiment ?

— Elle est vraiment superbe, cette Kurde ! fit très justement observer le seigneur Kéraban.

— Superbe… mais effrayante ! répondit Van Mitten.

— Que décidez-vous, juge ? demanda le seigneur Yanar.

— Qu’on apporte des flambeaux, des torches ! s’écria la noble Saraboul !… Alors je verrai… je chercherai… je reconnaîtrai peut-être les malfaiteurs qui ont osé…