Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

3
KÉRABAN-LE-TÊTU.

placer la chaise de poste, qui eût encore rendu de si longs services sans l’inqualifiable imprudence de son propriétaire. Or, de trouver une autre voiture de voyage, neuve ou d’occasion, dans cette petite ville de Poti, il n’y fallait certainement pas compter. Une « perecladnaïa », une « araba » russes, cela pouvait se rencontrer et la bourse du seigneur Kéraban était là pour payer le prix de l’acquisition quel qu’il fût. Mais ces divers véhicules, ce ne sont en somme que des charrettes plus ou moins primitives, dépourvues de tout confort, et elles n’ont rien de commun avec une berline de voyage. Si vigoureux que soient les chevaux qu’on y attelle, ces charrettes ne sauraient courir avec la vitesse d’une chaise de poste. Aussi que de retards à craindre avant d’avoir achevé ce parcours !

Cependant, il convient d’observer qu’Ahmet n’eut pas même lieu d’être embarrassé sur le choix du véhicule. Ni voitures, ni charrettes ! Rien de disponible pour le moment ! Or il lui importait de rejoindre au plus tôt son oncle, pour empêcher que son entêtement ne l’engageât encore en quelque déplorable affaire. Il se décida donc à faire à cheval ce trajet d’une vingtaine de lieues, entre Poti et la frontière turco-russe. Il était bon cavalier, cela va