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KÉRABAN-LE-TÊTU.

gneur Kéraban et les siens s’étaient si imprudemment introduits !

« Au vol !… à l’attentat !… au meurtre ! » criait cette femme.

C’était la noble Saraboul, grande, forte, à la démarche énergique, à l’œil vif, au teint coloré, à la chevelure noire, aux lèvres impérieuses qui laissaient voir des dents inquiétantes, — en un mot, le seigneur Yanar en femme.

Évidemment, à toute conjoncture, la voyageuse veillait dans sa chambre, au moment où des intrus en avaient forcé la porte, car elle n’avait encore rien ôté de ses vêtements de jour, un « mintan » de drap avec broderies d’or aux manches et au corsage, une « entari » en soie éclatante semée de fusées jaunes et serrée à la taille par un châle où ne manquaient ni le pistolet damasquiné, ni le yatagan dans son fourreau de maroquin vert ; sur la tête, un fez évasé, ceint de mouchoirs à couleurs voyantes, d’où pendait un long « puskul » comme le gland d’une sonnette ; aux pieds, des bottes de cuir rouge dans lesquelles se perdait le bas du « chalwar », ce pantalon des femmes de l’Orient. Quelques voyageurs ont prétendu que la femme kurde, ainsi vêtue, ressemble à une guêpe ! Soit !