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KÉRABAN-LE-TÊTU.

mélangent au huileux liquide d’un courant de pétrole qui descend des sources voisines. À cette heure, il était un peu trop tôt pour dîner ; mais, comme on ne devait arriver que fort tard au campement du soir, il parut sage de prendre quelque nourriture. Ce fut du moins l’avis de Bruno, et l’avis de Bruno l’emporta, non sans raison.

S’il y eut abondance de khamsi sur la table de l’auberge où le seigneur Kéraban et les siens avaient pris place, cela va sans dire. C’est là, d’ailleurs, le mets préféré dans ces pachaliks de l’Asie Mineure. On servit ces anchois salés ou frais au goût des amateurs, mais il y eut aussi quelques plats plus sérieux, auxquels on fit bon accueil. Et puis, il régnait tant de gaieté parmi ces convives, tant de bonne humour ! N’est-ce pas le meilleur assaisonnement de toutes choses en ce monde ?

« Eh bien ! Van Mitten, disait Kéraban, regrettez-vous encore l’entêtement, — entêtement légitime, — de votre ami et correspondant, qui vous a forcé de le suivre en un pareil voyage ?

— Non, Kéraban, non ! répondait Van Mitten, et je le recommencerai, quand il vous plaira !

— Nous verrons, nous verrons, Van Mitten ! — Et toi, ma petite Amasia, que penses-tu de ce