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KÉRABAN-LE-TÊTU.

carrosse du Padischah ! Comme elles seraient à l’aise sous la bâche imperméable, sur une fraîche litière qu’il était facile de renouveler à chaque relais ! Et, de temps en temps, elles offriraient une place près d’elles au seigneur Kéraban, au jeune Ahmet, à M. Van Mitten ! Et puis ces cavaliers qui les escorteraient comme des princesses !… Enfin, c’était charmant !

Il va sans dire que des réflexions de ce genre venaient de cette folle de Nedjeb, si portée à ne prendre les événements que par leurs bons côtés. Quant à Amasia, comment eût-elle eu la pensée de se plaindre, après tant d’épreuves, puisqu’Ahmet était près d’elle, puisque ce voyage allait s’achever dans des conditions si différentes et dans un délai si court ! Et on atteindrait enfin Scutari !… Scutari !

« Je suis certaine, répétait Nedjeb, qu’en se dressant sur la pointe des pieds, on pourrait déjà l’apercevoir ! »

En réalité, il n’y avait dans la petite troupe que deux hommes à se plaindre : le seigneur Kéraban, qui, faute d’un véhicule plus rapide, craignait quelque retard, et Bruno, qu’une étape de trente-cinq lieues, — trente-cinq lieues à dos de mule ! — séparait encore de Trébizonde.