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KÉRABAN-LE-TÊTU.

vêtements trop larges et ne répondant plus à son maître que par des monosyllabes.

Tout d’abord, Ahmet avait fouillé Atina, bourgade sans importance, qui, — son nom l’indique, — fut jadis l’« Athènes » du Pont-Euxin. Aussi y voit-on encore quelques colonnes d’ordre dorique, restes d’un temple de Pallas. Mais si ces ruines intéressèrent Van Mitten, elles laissèrent fort indifférent Ahmet. Combien il eût préféré trouver quelque véhicule moins rude, moins rudimentaire que la charrette prise à la frontière turco-russe ! Mais il fallut en revenir à l’araba, qui fut spécialement réservée aux deux jeunes filles. De là, nécessité de se procurer d’autres montures, chevaux, ânes, mules ou mulets, afin que maîtres et serviteurs pussent atteindre Trébizonde.

Ah ! que de regrets éprouva le seigneur Kéraban en songeant à sa chaise de poste brisée au railway de Poti ! Et que de récriminations, avec invectives et menaces, il envoya à l’adresse de ce hautain Saffar, selon lui responsable de tout le mal !

Quant à Amasia et à Nedjeb, rien ne pouvait leur être plus agréable que de voyager en araba ! Oui ! c’était du nouveau, de l’imprévu ! Elles ne l’eussent pas changée, cette charrette, pour le plus beau