Van Mitten s’inclina, gravit le marchepied et s’installa dans le fond du coupé à gauche. Le seigneur Kéraban prit place auprès de lui. Nizib et Bruno grimpèrent dans le cabriolet.
« Ah ! ma lettre ! » dit Kéraban, au moment où le bruyant équipage allait quitter le comptoir.
Et, baissant la vitre, il tendit à l’un des employés une lettre qu’il lui ordonna de mettre, ce matin même, à la poste.
Cette lettre était adressée au cuisinier de la villa de Scutari et ne contenait que ces mots :
« Dîner remis à mon retour. Modifiez le menu : soupe au lait caillé, épaule de mouton aux épices. Surtout pas trop cuit. »
Puis, la chaise s’ébranla, descendit les rues du faubourg, traversa la Corne-d’Or sur le pont de la Validèh-Sultane, et sortit de la ville par Ieni-Kapoussi, la « porte nouvelle ».
Le seigneur Kéraban est parti ! Qu’Allah le protège !