Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

72
KÉRABAN-LE-TÊTU.

seillez, en somme, c’est de m’embarquer sur la mer Noire, pour ne point passer par le Bosphore ?

— Ce serait bien joué, à mon avis, répondit Van Mitten.

— Avez-vous entendu parler, quelquefois, reprit Kéraban, d’un certain genre de mal qu’on appelle le mal de mer ?

— Sans doute, ami Kéraban.

— Et vous ne l’avez jamais eu sans doute ?

— Jamais ! D’ailleurs, pour une traversée aussi courte…

— Aussi courte ! reprit Kéraban. Vous dites, je crois, une traversée « aussi courte ! »

— À peine soixante lieues !

— Mais n’y en eût-il que cinquante, que vingt, que dix, que cinq ! s’écria le seigneur Kéraban, que la contradiction commençait, comme toujours, à surexciter, n’y en eût-il que deux, n’y en eût-il qu’une, ce serait encore trop pour moi !

— Veuillez pourtant réfléchir…

— Vous connaissez le Bosphore ?

— Oui !

— Il a à peine une demi-lieue de large devant Scutari ?…

— En effet.