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KÉRABAN-LE-TÊTU.

au coup de canon qui annoncera la fin du jour…

— Ah ! voilà donc ce qu’ils veulent dire avec leur coup de canon ! s’écria Bruno.

— On se dédommagera gaiement pendant toute la nuit des abstinences de la journée !

— Ainsi, demanda Bruno à Nizib, vous n’avez encore rien pris depuis ce matin, parce que c’est le Ramadan ?

— Parce que c’est le Ramadan, répondit Nizib.

— Eh bien, voilà qui me ferait maigrir ! s’écria Bruno. Voilà qui me coûterait une livre par jour… au moins !

— Au moins ! répondit Nizib.

— Mais vous allez voir cela, au coucher du soleil, Van Mitten, reprit Kéraban, et vous serez émerveillé ! Ce sera comme une transformation magique, qui d’une ville morte fera une ville vivante ! Ah ! messieurs les nouveaux Turcs, vous n’avez pas encore pu modifier ces vieux usages avec toutes vos absurdes innovations ! Le Koran tient bon contre vos sottises ! Que Mahomet vous étrangle !

— Bon ! ami Kéraban, répondit Van Mitten, je vois que vous êtes toujours fidèle aux anciennes coutumes ?

— C’est plus que de la fidélité, Van Mitten, c’est