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KÉRABAN-LE-TÊTU.

tant pesté déjà ! Jamais ! Il se fût plutôt fait écraser sous les pieds de son cheval.

« Ah ! c’est vous le seigneur Saffar ? s’écria-t-il. Eh bien, arrière, le seigneur Saffar !

— En avant, » dit Saffar, en faisant signe aux cavaliers de son escorte de forcer le passage.

Ahmet et Van Mitten, comprenant que rien ne ferait céder Kéraban se préparaient à lui venir en aide.

« Mais passez ! passez donc ! répétait le gardien. Passez donc !… Voici le train ! »

Et, en effet, on entendait le sifflet de la locomotive, que cachait encore un coude du railway.

« Arrière ! cria Kéraban.

— Arrière ! » cria Saffar.

En ce moment, les hennissements de la locomotive s’accentuèrent. Le gardien, éperdu, agitait son drapeau, afin d’arrêter le train… Il était trop tard… Le train débouchait de la courbe…

Le seigneur Saffar, voyant qu’il n’avait plus le temps de franchir la voie, recula précipitamment. Bruno et Nizib s’étaient jetés de côté. Ahmet et Van Mitten, saisissant Kéraban, venaient de l’entraîner précipitamment, pendant que le postillon, enlevant son attelage, le poussait tout entier hors de la barrière.