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KÉRABAN-LE-TÊTU.

aussi. Comme l’étroitesse des barrières ne permettait pas à la chaise et au groupe de passer en même temps, il fallait bien que l’un ou l’autre reculât.

L’attelage s’était donc arrêté, tandis que les cavaliers en faisaient autant ; mais il ne semblait pas que le seigneur étranger fût d’humeur à céder passage au seigneur Kéraban. Turc contre Turc, cela pouvait amener quelque complication.

« Rangez-vous ! cria Kéraban aux cavaliers, dont les chevaux faisaient tête à ceux de l’attelage.

— Rangez-vous vous-mêmes ! répondit le nouveau venu, qui semblait décidé à ne pas faire un pas en arrière.

— Je suis arrivé le premier !

— Eh bien, vous passerez le second !

— Je ne céderai pas !

— Ni moi ! »

Montée sur ce ton, la discussion menaçait de prendre une assez mauvaise tournure.

« Mon oncle !… dit Ahmet, que nous importe…

— Mon neveu, il importe beaucoup !

— Mon ami !… dit Van Mitten.

— Laissez-moi tranquille ! » répondit Kéraban d’un ton qui cloua le Hollandais dans son coin.