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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Ahmet, en homme avisé, ne pouvait que s’applaudir d’avoir pourvu à toutes les éventualités de l’alimentation et de la locomotion.

Le seigneur Kéraban ne voyait pas, sans une satisfaction extrême, le parcours s’accomplir sans incidents ni accidents. Combien il serait satisfait dans son amour-propre de Vieux Turc, au moment où il apparaîtrait sur la rive gauche du Bosphore, narguant les autorités ottomanes et les décréteurs de taxes injustes, il serait oiseux d’y insister.

Enfin, Redout-Kalé n’étant plus qu’à quatre-vingt-dix verstes environ de la frontière turque, avant vingt-quatre heures, le plus entêté des Osmanlis comptait bien avoir remis le pied sur la terre ottomane. Là, enfin, il serait chez lui.

« En route, mon neveu, et qu’Allah continue à nous protéger ! s’écria-t-il d’un ton de bonne humeur.

— En route, mon oncle ! » répondit Ahmet.

Et tous deux prirent place dans le coupé, suivis de Van Mitten, qui essayait, mais en vain, d’apercevoir cette mythologique cime du Caucase, sur laquelle Prométhée expiait sa tentative sacrilège !

On partit au claquement du fouet du iemschik