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KÉRABAN-LE-TÊTU.

mourzakan, déjà plus arriéré, présente un relief à moitié sauvage ; l’Abkasie, enfin, demeurée presque à l’état primitif, n’a qu’un écheveau de montagnes incultes, que n’a pas encore touché la main de l’homme. C’est donc l’Abkasie qui, de tous les districts caucasiens, sera le plus tard entré en jouissance des bienfaits de la liberté individuelle. »

La première halte que firent les voyageurs après avoir franchi la frontière, fut à la bourgade de Gagri, joli village, avec une charmante église de Sainte-Hypata, dont la sacristie sert maintenant de cellier, un fort, qui est en même temps un hôpital militaire, un torrent, sec alors, le Gagrinska, la mer d’un côté, de l’autre, toute une campagne fruitière, plantée de grands acacias, semée de bosquets de roses odorantes. Au loin, mais à moins de cinquante verstes, se développe la chaîne limitrophe entre l’Abkasie et la Circassie, dont les habitants, défaits par les Russes, après la sanglante campagne de 1859, ont abandonné ce beau littoral.

La chaise, arrivée là, à neuf heures du soir, y passa la nuit. Le seigneur Kéraban et ses compagnons reposèrent dans un des doukhans de la