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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Van Mitten, et monsieur Van Mitten qui fume le narghilé de mon oncle Kéraban ! »

Et Nizib et Bruno de faire chorus.

En effet, en ramassant leurs bouquins, les deux disputeurs s’étaient trompés et avaient pris le tuyau l’un de l’autre, ce qui faisait que, sans s’en apercevoir, et tout en continuant à proclamer les qualités supérieures de leurs tabacs de prédilection, Kéraban fumait du latakié, pendant que Van Mitten fumait du tombéki !

En vérité, ils ne purent s’empêcher de rire, et, finalement, ils se donnèrent la main de bon cœur, comme deux amis, dont aucune discussion, même sur un sujet aussi grave, ne pouvait altérer l’amitié.

« Les chevaux sont à la chaise, dit alors Ahmet. Nous n’avons plus qu’à partir !

— Partons donc ! » répondit Kéraban.

Van Mitten et lui remirent à Bruno et à Nizib les deux narghilés, qui avaient failli se transformer en engins de guerre, et tous eurent bientôt repris place dans leur voiture de voyage.

Mais en y montant, Kéraban ne put s’empêcher de dire tout bas à son ami :

« Puisque vous y avez goûté, Van Mitten, avouez