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KÉRABAN-LE-TÊTU.

préférable à ce foin desséché qu’on appelle du latakié !

— Il est impossible de laisser passer, sans protestation, une telle erreur ! dit Van Mitten, qui s’emballait à son tour.

— Elle passera, cependant !

— Et vous osez dire cela à un homme, qui, pendant vingt ans, a acheté des tabacs !

— Et vous osez soutenir le contraire à un homme qui, pendant trente ans, en a vendu !

— Vingt ans !

— Trente ans ! »

Sur cette nouvelle phase de la discussion, les deux contradicteurs s’étaient redressés au même instant. Mais, pendant qu’ils gesticulaient avec vivacité, les bouquins s’échappèrent de leurs lèvres, les tuyaux tombèrent sur le sol. Aussitôt, tous deux de les ramasser, en continuant de se disputer, au point d’en arriver aux personnalités les plus désagréables.

« Décidément, Van Mitten, dit Kéraban, vous êtes bien le plus fieffé têtu que je connaisse !

— Après vous, Kéraban, après vous !

— Moi ?

— Vous ! s’écria le Hollandais, qui ne se maî-