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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Oui, rester ici, afin de visiter tranquillement le Caucase, puisque notre mauvaise étoile nous y a conduits ! Après tout, nous serons, aussi bien là qu’à Constantinople, à l’abri des revendications de madame Van…

— Ne prononce pas ce nom, Bruno !

— Je ne le prononcerai pas, mon maître, pour ne point vous être désagréable ! Mais, c’est à elle, en somme, que nous devons d’être embarqués dans une pareille aventure ! Courir jour et nuit en chaise de poste, risquer de s’embourber dans les marécages ou de se rôtir dans des provinces en combustion, franchement, c’est trop, c’est beaucoup trop ! Je vous propose donc, non point de discuter cela avec le seigneur Kéraban, — vous n’aurez pas le dessus ! — mais de le laisser partir en le prévenant, par un petit mot bien aimable, que vous le retrouverez à Constantinople, quand il vous plaira d’y retourner !

— Ce ne serait pas convenable, répondit Van Mitten.

— Ce serait prudent, répliqua Bruno.

— Tu te trouves donc bien à plaindre ?

— Très à plaindre, et d’ailleurs, je ne sais si vous vous en apercevez, mais je commence à maigrir !