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KÉRABAN-LE-TÊTU.

commencer une discussion à ce sujet. Son oncle, tout grommelant, remit la pincée de tombéki dans sa poche, et ils continuèrent à suivre la chaise, dont la masse informe se dessinait à peine au milieu de cette profonde obscurité.

Il importait donc de ne marcher qu’avec une extrême précaution, afin d’éviter les chutes. La route, ravinée par places, n’était pas sûre au pied. Elle montait légèrement en gagnant vers l’est. Heureusement, à travers cette atmosphère embrumée, il n’y avait pas un souffle de vent. Aussi, les vapeurs s’élevaient-elles droit dans l’air, au lieu de se rabattre sur les voyageurs, — ce qui les eût fort incommodés.

On alla ainsi pendant une demi-heure environ, à très petits pas. En avant, les chevaux hennissaient et se cabraient toujours. Le postillon avait peine à les tenir. Les essieux de la chaise criaient, lorsque les roues glissaient dans quelque ornière ; mais elle était solide, on le sait, et avait déjà fait ses preuves dans les marécages du bas Danube.

Un quart d’heure encore, et la région des cônes d’éruption serait certainement franchie.

Tout à coup, une vive lueur se produisit sur le côté gauche de la route. Un des cônes venait de