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KÉRABAN-LE-TÊTU.

− Seigneur Kéraban, vous et vos compagnons, vous feriez bien de descendre, dit alors le postillon.

— Descendre ! descendre !

— Oui !… Je vous engage à suivre la chaise à pied, pendant que nous traverserons cette région, car je ne suis pas maître de mes chevaux, et ils pourraient s’emporter.

— Allons, dit Ahmet, cet homme a raison. Il faut descendre.

— Ce sont cinq ou six verstes à faire, ajouta le postillon, peut être huit, mais pas plus !

— Vous décidez-vous, mon oncle ? reprit Ahmet.

— Descendons, ami Kéraban, dit Van Mitten. Des volcans de boue ?… Il faut voir ce que cela peut être ! »

Le seigneur Kéraban se décida, non sans protester. Tous mirent pied à terre ; puis, marchant derrière la chaise qui n’avançait qu’au pas, ils la suivirent à la lueur des lanternes.

La nuit était extrêmement sombre. Si le Hollandais espérait voir, si peu que ce fût, des phénomènes naturels signalés par le postillon, il se trompait ; mais, quant à ces sifflements singuliers qui emplissaient parfois l’air d’une rumeur assourdissante, il eût été difficile de ne pas les entendre, à moins d’être sourd.