Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

246
KÉRABAN-LE-TÊTU.

confusément à l’horizon. Puisque la nuitée avait été complète à l’hôtel de Kertsch, c’était bien le moins que personne ne songeât à quitter la chaise avant trente-six heures.

Cependant, vers le soir, à l’heure du souper, les voyageurs s’arrêtèrent devant un des relais, qui était en même temps une auberge. Ils ne savaient trop ce que seraient les ressources du littoral caucasien, et si l’on trouverait aisément à s’y nourrir. Donc, c’était prudence que d’économiser les provisions faites à Kertsch.

L’auberge était médiocre, mais les vivres n’y manquaient pas. À ce sujet, il n’y eut point à se plaindre.

Seulement, détail caractéristique, l’hôtelier, soit défiance naturelle, soit habitude du pays, voulut faire tout payer au fur et à mesure de la consommation.

Ainsi, lorsqu’il apporta du pain :

« C’est dix kopeks[1] » dit-il.

Et Ahmet dut donner dix kopeks.

Et, lorsque les œufs furent servis :

« C’est quatre-vingts kopeks ! »

  1. Le kopek est une monnaie de cuivre qui vaut quatre centimes.