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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Ma foi, vous avez raison ! reprit Van Mitten. Il y a bien là cent mille canards !

— Cent mille canards ! s’écria Kéraban. Si vous disiez deux cent mille ?

— Oh ! deux cent mille !

— Je dirais même trois cent mille, Van Mitten, que je serais encore au-dessous de la vérité !

— Vous avez raison, ami Kéraban, » répondit prudemment le Hollandais, qui ne voulut pas exciter son compagnon à lui jeter un million de canards à la tête.

Mais, en somme, c’était lui qui disait vrai. Cent mille canards, c’est déjà une belle passée, mais il n’y en avait pas moins dans ce prodigieux nuage de volatiles qui promena une immense ombre sur la baie en se développant devant le soleil.

Le temps était assez beau, la route suffisamment carrossable. L’attelage marcha rapidement, et les chevaux des divers relais ne se firent point attendre. Il n’y avait plus de seigneur Saffar, devançant les voyageurs sur le chemin de la presqu’île.

Il va sans dire que la nuit qui venait, on la passerait tout entière à courir vers les premiers contreforts du Caucase, dont la masse apparaissait