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KÉRABAN-LE-TÊTU.

toral sud de la baie de Taman. Ce fut assez pour que les voyageurs pussent reconnaître que c’était là un extraordinaire pays de chasse, — tel qu’il ne s’en rencontre peut-être pas de pareil en aucun autre point du globe.

En effet, pélicans, cormorans, grèbes, sans compter des bandes d’outardes, se remisaient dans ces marécages en quantités vraiment incroyables.

« Je n’ai jamais tant vu de gibier d’eau ! fit justement observer Van Mitten. On pourrait tirer un coup de fusil au hasard sur ces marais ! Pas un grain de plomb ne serait perdu ! »

Cette observation du Hollandais n’amena aucune discussion. Le seigneur Kéraban n’était point chasseur, et, en vérité, Ahmet songeait à tout autre chose.

Il n’y eut un commencement de contestation qu’à propos d’une volée de canards que l’attelage fit partir, au moment où il laissait le littoral sur la gauche pour obliquer vers le sud-est.

« En voilà une compagnie ! s’écria Van Mitten. Il y a même là tout un régiment !

— Un régiment ? Vous voulez dire une armée ! répliqua Kéraban, qui haussa les épaules.