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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Dans le sud, à l’extrémité de la baie de Kertsch, se dessinait le cap Au-Bouroum, dominant le littoral de la mer Noire. Puis, le détroit s’ouvrait avec les deux pointes, qui forment le liman ou baie de Taman. Au lointain, les premiers profils du Caucase, sur la côte asiatique, faisaient comme un cadre gigantesque au Bosphore cimmérien.

Il est bien certain que ce détroit ressemblait à un bras de mer, à ce point que Van Mitten, qui connaissait les antipathies de son ami Kéraban, regarda Ahmet d’un air très étonné.

Ahmet lui fit signe de se taire. Très heureusement, l’oncle sommeillait alors, et ne voyait rien des eaux de la mer Noire et de la mer d’Azof, qui se confondent dans ce sund, dont la partie la plus étroite mesure de cinq à six milles de large.

« Diable ! » se dit Van Mitten.

Il était vraiment fâcheux que le seigneur Kéraban ne fût pas né quelque cent ans plus tard ! Si son voyage s’était fait à cette époque, Ahmet n’aurait pas eu sujet d’être inquiet, comme il l’était en ce moment.

En effet, ce détroit tend à s’ensabler, et finira, avec l’agglomération des sables coquilliers, par ne