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KÉRABAN-LE-TÊTU.

pas moins une vive rancune à l’égard de cet importun, qui se permettait de le devancer sur les routes et de lui prendre ses chevaux.

En tout cas, comme il n’avait plus l’emploi des dromadaires, il les revendit à un chef de caravane, qui partait pour le détroit d’Iénikalé ; mais il ne les vendit vivants que pour le prix qu’on les eût achetés morts. De là, une perte assez sensible que le rancunier Kéraban porta, in petto, au passif du seigneur Saffar.

Il va sans dire que ce Saffar n’était point à Kertsch, — ce qui lui évita sans doute une discussion des plus sérieuses avec son concurrent. Depuis deux jours, il avait quitté la ville, pour prendre le chemin du Caucase. Circonstance heureuse, puisqu’il ne précéderait plus des voyageurs décidés à suivre la route du littoral.

Un bon souper à l’Hôtel Constantin, une bonne nuit dans des chambres assez confortables, firent oublier les ennuis passés aux maîtres aussi bien qu’aux serviteurs. Aussi, une lettre, adressée par Ahmet à Odessa, put-elle dire que le voyage s’accomplissait régulièrement.

Comme le départ n’avait été décidé pour le lendemain, 5 septembre, qu’à dix heures du ma-