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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Je n’ai que ceux qui vous ont amenés hier soir, répondit le maître de poste, et ils ne peuvent marcher.

— Eh pourquoi, s’il vous plaît, n’avez-vous pas de chevaux frais dans vos écuries ?

— Parce qu’ils ont été pris par un seigneur turc, qui se rend à Kertsch, d’où il doit gagner Poti, après avoir traversé le Caucase.

— Un seigneur turc, s’écria Kéraban ! Un de ces Ottomans à la mode européenne, sans doute ! Vraiment ! ils ne se contentent pas de vous embarrasser dans les rues de Constantinople, il faut encore qu’on les rencontre sur les routes de la Crimée !

— Et quel est-il ?

— Je sais qu’il se nomme le seigneur Saffar, voilà tout, répondit tranquillement le maître de poste.

— Eh bien, pourquoi vous êtes-vous permis de donner ce qui vous restait de chevaux à ce seigneur Saffar ? demanda Kéraban, avec l’accent du plus parfait mépris.

— Parce que ce voyageur est arrivé au relais, hier matin, douze heures avant vous, et que les chevaux étant disponibles, je n’avais aucune raison pour les lui refuser.