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KÉRABAN-LE-TÊTU.

gades grecques, des villes orientales avec mosquées et minarets, muezzins et derviches, des monastères du rite russe, des sérails de khans, des thébaïdes où sont venues s’ensevelir quelques romanesques aventures, des lieux saints vers lesquels rayonnent les pèlerinages, une montagne juive qui appartient à la tribu des Karaïtes, et une vallée de Josaphat, creusée comme une succursale de la célèbre vallée du Cédron, où des milliards de justiciables doivent se réunir au son des trompettes du jugement dernier.

Que de merveilles aurait eu à visiter Van Mitten ! Que d’impressions à noter en ce pays où l’entraînait son étrange destinée ! Mais son ami Kéraban ne voyageait pas pour voir, et Ahmet, qui, d’ailleurs, connaissait toutes ces splendeurs de la Crimée, ne lui eût pas accordé une heure pour en prendre un aperçu sommaire.

« Peut-être, après tout, peut-être, se disait Van Mitten, me sera-t-il possible, en passant, de saisir une légère impression de cette antique Chersonèse, si justement vantée ? »

Il ne devait point en être ainsi. La chaise allait se lancer par le plus court, suivant une ligne oblique du nord au sud-ouest, sans atteindre ni le