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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ronne de provinces, qui s’étendent de la mer Noire à la mer Arctique ? N’est-ce pas sous ce climat vivifiant et tempéré, que les Russes du nord, aussi bien que les Russes du sud, viennent chercher, les uns un refuge contre les âpretés de l’hiver hyperboréen, les autres un abri contre les desséchantes brises de l’été ? N’est-ce pas là, autour de ce cap Aïa, ce front de bélier, qui fait tête aux flots du Pont-Euxin, à l’extrême pointe sud de la Tauride, que se sont fondées ces colonies de châteaux, de villas, de cottages, Yalta, Aloupka, qui appartient au prince Woronsow, manoir féodal à l’extérieur, rêve d’une imagination orientale à l’intérieur, Kisil-Tasch, au comte Poniatowski, Arteck, au prince André Galitzine, Marsanda, Orcanda, Eriklik, propriétés impériales, Livadia, palais admirable, avec ses sources vives, ses torrents capricieux, ses jardins d’hiver, retraite favorite de l’impératrice de toutes les Russies ?

Il semble, en outre, que l’esprit le plus curieux, le plus sentimental, le plus artiste, le plus romantique, trouverait à satisfaire ses aspirations dans ce coin de terre, — un vrai microcosme, dans lequel l’Europe et l’Asie se donnent rendez-vous. Là, sont réunis des villages tartares, des bour-