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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Avant une heure, dit l’un de ces Turcs, le soleil se sera couché dans les eaux du Bosphore, et alors…

— Et alors, répondit l’autre, nous pourrons manger, boire et surtout fumer à notre aise !

— C’est un peu long, ce jeûne du Ramadan !

— Comme tous les jeûnes ! »

D’autre part, deux étrangers échangeaient les propos suivants en se promenant devant le café :

« Ils sont étonnants, ces Turcs ! disait l’un. Vraiment, un voyageur qui viendrait visiter Constantinople pendant cette sorte d’ennuyeux carême, emporterait une triste idée de la capitale de Mahomet II !

— Bah ! répliquait l’autre, Londres n’est pas plus gai le dimanche ! Si les Turcs jeûnent pendant le jour, ils se dédommagent pendant la nuit, et, au coup de canon qui annoncera le coucher du soleil, avec l’odeur des viandes rôties, le parfum des boissons, la fumée des chibouks et des cigarettes, les rues vont reprendre leur aspect habituel ! »

Il fallait que ces deux étrangers eussent raison, car, au même moment, le cafetier appelait son garçon et lui criait :