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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Séparés, s’écria Kéraban… d’un commun accord ?…

— D’un commun accord !

— Et pour toujours ?…

— Pour toujours !

— Contez-moi donc cela, à moins que l’émotion…

— L’émotion ? répondit le Hollandais. Et pourquoi voulez-vous que je ressente de l’émotion ?

— Alors, parlez, parlez, Van Mitten ! reprit Kéraban. En ma qualité de Turc, j’aime les histoires, et en ma qualité de célibataire, j’adore surtout les histoires de ménage !

— Eh bien, ami Kéraban, reprit le Hollandais, du ton dont il eût conté les aventures d’un autre, depuis quelques années, la vie était devenue intolérable entre madame Van Mitten et moi. Discussions incessantes sur toutes choses, sur l’heure de se lever, sur l’heure de se coucher, sur l’heure des repas, sur ce qu’on mangerait, sur ce qu’on ne mangerait pas, sur ce qu’on boirait, sur ce qu’on ne boirait pas, sur le temps qu’il faisait, sur le temps qu’il allait faire, sur le temps qu’il avait fait, sur les meubles que l’on placerait ici ou que l’on placerait là, sur le feu qu’il fallait allumer dans