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KÉRABAN-LE-TÊTU.

La jeune fille, absorbée dans sa rêveuse pensée, ne l’avait pas aperçu.

Soudain, Yarhud, bondissant sur elle, la saisit avec tant de force et d’à-propos qu’elle fut dans l’impossibilité de lui résister.

« À moi ! à moi ! » put cependant crier la malheureuse enfant.

Ses cris furent aussitôt étouffés ; mais ils avaient été entendus de Nedjeb, qui venait chercher sa maîtresse.

À peine la jeune Zingare eut-elle franchi la porte de la galerie, que deux des matelots, se jetant sur elle, comprimaient aussitôt ses mouvements et ses cris.

« À bord ! » dit Yarhud.

Les deux jeunes filles, irrésistiblement emportées, furent déposées dans l’embarcation, qui déborda pour rallier la tartane.

La Guïdare, son ancre à pic, ses voiles hautes, n’avait plus qu’à déraper pour appareiller.

C’est ce qui fut fait, dès qu’Amasia et Nedjeb eurent été enfermées à bord, dans une cabine de l’arrière, ne pouvant plus rien voir, ne pouvant plus se faire entendre.

Cependant, la tartane, ayant pris le vent, s’inclinait sous ses grandes antennes, de manière à sortir